La décision récente de la France de réintroduire l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde reconnu pour ses effets toxiques sur les pollinisateurs, les écosystèmes et la santé humaine, suscite une vague d’indignation. Pour natur&ëmwelt, cette situation doit aussi interpeller le Luxembourg, où ce pesticide reste légalement utilisé, alors que son danger est bien documenté.
Largement critiqué par la communauté scientifique, l’acétamipride appartient à la famille des néonicotinoïdes, dont l’utilisation est déjà largement restreinte en Europe en raison de son impact sur l’environnement.
Pourtant, ce produit reste autorisé au Luxembourg, notamment pour lutter contre le méligèthe du colza et les pucerons dans les cultures de pommes de terre et d’arbres fruitiers. Chaque année, entre 50 et 60 kg sont utilisés dans l’agriculture, et cette tendance est à la hausse. Ce chiffre peut sembler modeste, mais il ne reflète ni la persistance de cette substance dans les sols, ni son potentiel de dispersion dans l’environnement. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est qu’une des espèces principales ciblées, la cicadelle Pentastiridius leporinus, n’a pas encore été détectée au Luxembourg, ce qui rend cette utilisation d’autant plus difficile à justifier.
natur&ëmwelt rappelle que l’acétamipride figure parmi les dix résidus de pesticides les plus fréquemment retrouvés dans l’environnement en Europe, comme le montrent les résultats du programme INSIGNIA. Au Luxembourg également, le programme BeeFirst détecte régulièrement sa présence dans des échantillons environnementaux.
Le Luxembourg s’est doté d’un plan d’action pour la réduction des pesticides (PAN), mais sa mise en œuvre reste incomplète et son actualisation attendue. Plusieurs mesures sont toujours en attente et les moyens humains et financiers disponibles sont insuffisants pour atteindre les objectifs annoncés. Dans les faits, les résidus de pesticides sont présents dans plus de la moitié des aliments analysés, comme le montre la dernière évaluation de l’Administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire (ALVA), avec une concentration particulièrement forte dans les fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle. En comparaison, les produits issus de l’agriculture biologique présentent une contamination nettement inférieure.
La décision de la France de réautoriser un insecticide aussi controversé nous concerne directement, car les substances autorisées chez nos voisins influencent l’ensemble du marché européen et risquent d’affaiblir les normes environnementales.
natur&ëmwelt appelle donc les autorités luxembourgeoises à interdire l’utilisation de néonicotinoïdes tels que l’acétamipride, dès lors que leur usage n’est ni justifié ni indispensable. Le Luxembourg doit renforcer sa politique de réduction des pesticides, réviser son plan d’action et soutenir plus résolument l’agriculture biologique ainsi que les approches agroécologiques. La mobilisation actuelle en France est un signal fort. Elle montre que la société civile refuse que la santé, la nature et les générations futures soient les variables d’ajustement des politiques agricoles. Le Luxembourg ne peut pas rester à l’écart de ce débat.