Le 16 juillet, la Commission européenne a dévoilé sa proposition pour le prochain cadre financier pluriannuel (CFP), un budget de près de 2 000 milliards d’euros qui guidera les dépenses de l’UE entre 2028 et 2034. Si la Commission affirme que ce budget soutiendra la compétitivité, l’innovation et la résilience aux crises, elle omet toutefois de donner la priorité à la biodiversité et à l’action climatique, alors que l’investissement urgent dans la nature est plus que jamais nécessaire.
Faits marquants du budget et omissions
La proposition de la Commission introduit une approche plus flexible et centralisée du financement, avec des investissements majeurs dans la compétitivité, les technologies stratégiques et la transition numérique. Les plans de partenariat nationaux et régionaux sont appelés à jouer un rôle central et les politiques de cohésion et agricole resteront au cœur de la stratégie.
Cependant, la proposition
- Supprime un programme de financement dédié à la nature et à la biodiversité en démantelant LIFE, le seul programme de l’UE ciblant spécifiquement la biodiversité.
- N’alloue pas de fonds suffisants à la conservation de la nature ou à la résilience climatique, malgré les avertissements scientifiques de plus en plus nombreux et le déficit croissant de financement environnemental identifié par l’examen de la mise en œuvre des mesures environnementales réalisé par l’UE elle-même.
- Encourage une plus grande flexibilité budgétaire pour les États membres, ce qui fait craindre que les intérêts économiques ou politiques à court terme l’emportent sur la responsabilité environnementale à long terme.
Notre position : un pas dangereux en arrière
Alors que les crises de l’effondrement de la biodiversité et du changement climatique exigent des investissements importants et durables, cette proposition constitue un pas en arrière préoccupant. Elle néglige les ambitions de l’UE en matière d’accord vert, contredit les engagements pris dans le cadre de la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 et risque de compromettre des années de progrès collectif dans le domaine de l’environnement.
La proposition de la Commission supprime en effet l’engagement financier le plus clair de l’UE en faveur de la biodiversité. En démantelant le programme LIFE et en n’affectant pas de fonds spécifiques à la nature, l’UE choisit d’investir dans la compétitivité technologique plutôt que dans la résilience écologique.
Les risques d’une flexibilité déréglementée
La flexibilité et la simplification accrues vantées par la Commission peuvent sembler efficaces sur le papier, mais en pratique, elles risquent d’aboutir à une approche fragmentée et incohérente du financement de la biodiversité au sein des États membres. Sans garanties environnementales contraignantes, les États membres pourraient privilégier les gains économiques à court terme au détriment de la durabilité écologique à long terme, mettant ainsi en péril les moyens de subsistance des agriculteurs, des pêcheurs et des communautés rurales qui dépendent d’écosystèmes sains.
Ce qui doit changer
natur&ëmwelt appelle la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres à :
- Rétablir et renforcer les financements dédiés à la biodiversité, notamment en revitalisant le programme LIFE.
- Réserver un pourcentage minimum du CFP pour la restauration de la nature et la résilience climatique.
- Veiller à ce que des garanties environnementales soient intégrées à tous les plans de partenariat et que la flexibilité accordée aux États membres ne se fasse pas au détriment de la nature.
L’avenir du patrimoine naturel de l’Europe, la résilience climatique et la qualité de vie des générations futures ne sauraient être considérés comme facultatifs. L’UE a la responsabilité, vis-à-vis de ses citoyens et de la planète, de fournir un budget qui soutienne véritablement un avenir durable et vivable.