Lacunes en matière de financement et de mise en œuvre : l’efficacité environnementale du Luxembourg se heurte à des obstacles en matière de biodiversité et de pollution environnementale

La Commission européenne a récemment publié l’édition 2025 de son rapport sur la mise en œuvre de la législation environnementale de l’UE (EIR). Ce rapport fournit une évaluation complète de la mise en œuvre de cette législation par les États membres de l’UE. Le rapport consacré au Luxembourg présente à la fois des aspects encourageants et des avertissements urgents. Il met en lumière les principaux succès tout en soulignant les lacunes persistantes qui nécessitent une attention politique et des investissements ciblés.

Qu’est-ce que l’Environmental Implementation Review ?

 Il s’agit d’un mécanisme de rapport introduit en 2017 par la Commission européenne pour aider les États membres à améliorer la mise en œuvre de la législation environnementale de l’UE. Publié tous les trois ans, il évalue les progrès réalisés, met en évidence les défis à relever et recommande des mesures prioritaires. Il favorise également la transparence et la coopération, et aide les gouvernements, les parties prenantes et les citoyens à identifier les domaines dans lesquels des améliorations sont nécessaires. Une mise en œuvre correcte de la législation environnementale de l’UE est non seulement essentielle pour protéger la nature et la santé publique, mais elle permet également d’éviter des coûts inutiles. Ces coûts sont estimés à environ 180 milliards d’euros par an dans l’ensemble de l’UE.

  1. Le progrès et la pression

L’EIR 2025 met en lumière les progrès significatifs réalisés par le Luxembourg dans plusieurs domaines, notamment en matière de productivité des ressources et de traitement des eaux usées urbaines. L’économie luxembourgeoise figure parmi les plus efficaces de l’UE en matière d’utilisation des ressources pour la production de biens et de services. Le pays assure également la collecte et le traitement adéquats des eaux usées urbaines, ce qui est essentiel pour protéger la santé humaine et l’environnement.

La croissance économique et démographique, ainsi que l’afflux quotidien de travailleurs frontaliers, exercent toutefois une pression croissante sur l’environnement. L’intensification de l’activité de construction, les émissions du secteur des transports et l’agriculture intensive sont notamment identifiées comme des sources de pollution importantes, en particulier dans le sud du pays, plus urbanisé.

  1. Les principaux défis écologiques

Malgré quelques succès, l’EIR souligne plusieurs problèmes importants que le Luxembourg doit traiter de toute urgence :

  • Recul de la biodiversité : Le recul entraîne une détérioration croissante des habitats et des espèces. Les activités agricoles et l’imperméabilisation des sols sont particulièrement néfastes. Le rapport appelle donc à prendre des mesures résolues pour restaurer les écosystèmes et rendre l’agriculture durable.
  • Qualité de l’air et de l’eau : le Luxembourg n’est pas en voie d’atteindre ses objectifs en matière de pollution atmosphérique pour plusieurs polluants importants. L’état écologique et chimique des eaux de surface est mauvais, car aucune d’entre elles ne répond aux normes de l’UE. La qualité des eaux souterraines est également préoccupante.
  • Gestion des déchets : si des progrès ont été réalisés, le Luxembourg produit encore trop de déchets. L’EIR recommande de prendre des mesures pour réduire les déchets à la source et améliorer la hiérarchie de ceux-ci (réduction, réutilisation, recyclage).
  • Financement : pour atteindre ses objectifs environnementaux, le Luxembourg a besoin d’investissements supplémentaires de 403 millions d’euros par an, soit 0,52 % de son PIB. Bien que ce chiffre soit inférieur à la moyenne européenne de 0,77 %, il constitue tout de même un obstacle important à la réalisation complète des objectifs.
  • Comportement et capacités en matière de gouvernance : le pays obtient de bons résultats en matière de gouvernance environnementale, notamment en ce qui concerne la participation du public et le respect des réglementations. Toutefois, ses capacités administratives doivent être renforcées pour mettre en œuvre la transition.

 

La position de natur&ëmwelt

Chez natur&ëmwelt, nous saluons la transparence et la responsabilité dont fait preuve l’EIR. Si le Luxembourg progresse, selon le rapport, en matière d’efficacité des ressources et de gestion des eaux usées, le déclin de la biodiversité, la pollution de l’eau et la détérioration de la qualité de l’air sont des signes évidents qu’il faut agir davantage et rapidement.

Nous appelons donc les décideurs politiques à mettre en œuvre les recommandations de l’EIR, à augmenter les investissements dans la protection de l’environnement et à instaurer des pratiques agricoles et d’utilisation des sols durables. La protection de la nature au Luxembourg et la garantie d’un environnement viable pour les générations futures doivent rester une priorité nationale.

Vous trouverez ici le rapport complet sur le Luxembourg dans l’EIR 2025 : https://environment.ec.europa.eu/publications/2025-environmental-implementation-review-country-report-luxembourg_en